Les manches des couteaux japonais : savoir-faire, matières et formes
- Marina Menini
- 13 juin
- 2 min de lecture

Contrairement à de nombreux couteaux occidentaux, les couteaux japonais traditionnels ne sont pas dotés d’un manche fixé à l’aide de rivets. La lame est insérée dans un manche droit en bois, souvent sans vis, ni pièces mécaniques. Ce choix repose sur une logique simple : la lame en acier peut durer des décennies, voire toute une vie, tandis que le bois du manche s’use naturellement plus vite avec le temps. Il est donc conçu pour pouvoir être remplacé.
Le manche est fixé en chauffant d’abord la soie (la partie prolongée de la lame qui s’insère dans le manche), qui est ensuite enfoncée à chaud dans un trou prépercé dans le bois. En refroidissant, le bois se rétracte naturellement autour de la soie, assurant une fixation solide. On ajoute souvent un peu de colle pour renforcer l’ensemble.
Mais emmancher une lame est un véritable savoir-faire : il faut insérer la lame parfaitement dans l’axe du manche, sans la moindre inclinaison, et surtout sans fendre le bois en la frappant au marteau. Ce geste demande de la précision, de l’expérience et beaucoup de délicatesse.

Traditionnellement, les manches de couteau japonais sont fabriqués en bois de magnolia, un bois tendre, léger et résistant à l'eau, idéal pour garder de la légèreté et une bonne hygiène sur le couteau. Ils sont généralement ornés d’une virole en corne de buffle, qui protège le haut du manche et renforce l’esthétique du couteau.
Sur les modèles haut de gamme, on trouve parfois des manches en ébène. Un bois plus noble et plus résistant, mais aussi plus dense, qui permet de répartir le poids du couteau. Certaines bagues ou inserts métalliques, en plus de leur fonction décorative, servent également à ajuster l’équilibre du couteau.
Avec la hausse des prix des bois japonais, notamment du magnolia, de nombreux fabricants se tournent aujourd’hui vers d’autres essences, souvent importées, colorées ou stabilisées, pour proposer des manches plus variés, tout en maîtrisant les coûts. Enfin, les formes traditionnelles des manches sont variées : rond (ou ovale), châtaigne (rond avec une arête) et octogonale. Ces formes influencent la prise en main, et leur complexité de fabrication se reflète généralement dans leur prix, du plus simple au plus sophistiqué.

留言